Covid-19 : Le machinisme agricole ne sera pas « épargné » par la crise, selon le Cema
Jérome Bandry, secrétaire général du Cema, explique dans cette interview accordée à Machinisme-Actualités que les fabricants de machines agricoles de nombreux pays européens, dont la France, peuvent continuer à produire en respectant les protocoles de sécurité édictés. Mais, comme de nombreux secteurs économiques, une récession après la sortie de crise semble inévitable.
Machinisme-Actualités : Certains constructeurs, comme Fendt, ont dû arrêter l’activité de leur usine (en Bavière) faute d’approvisionnements suffisants, par exemple, en composants venant de Chine, d’Italie ou de France. Avec le développement de la pandémie, dans le monde, est-il logique de penser que cela va se généraliser et comment s’organisent les constructeurs ?
Jérôme Bandry : Effectivement, de nombreux fabricants ont dû fortement limiter ou arrêter leur production, soit faute de composants soit le temps de mettre en place les mesures nécessaires pour préserver la santé des travailleurs et contrôler la propagation du Covid19.
Nous devons tout faire pour maintenir notre activité quand cela est possible, car notre industrie est essentielle pour soutenir la chaine agro-alimentaire et la sécurité alimentaire en Europe. La santé et la sécurité des employés est bien entendu la première des priorités pour les fabricants. Mais quand les conditions le permettent, nous devons pouvoir continuer de produire machines, composants et pièces de rechange, de les distribuer et d’en effectuer la maintenance afin d’assurer la continuité de la chaîne agricole pour notre alimentation d’aujourd’hui et de demain.
Machinisme-Actualités : Dans quels pays, la situation pour approvisionner les concessionnaires est elle la plus critique à ce jour ?
Jérôme Bandry : Actuellement, il nous semble difficile d’établir un bilan car les mesures changent de jour en jour. Ceci dit, nous avons connaissance qu’en France, Allemagne, Espagne, Hollande, Belgique, République Tchèque et Royaume-Uni, les fabricants des machines agricoles peuvent produire en suivant les protocoles de sécurité établis par les autorités nationales et que les réseaux de distribution et réparation sont en fonctionnement. Dans le cas de l’Italie, la situation est plus restreinte et reste à redéfinir dans les heures ou jours qui viennent.
Machinisme-Actualités : Certains constructeurs se préparent déjà à une baisse de leurs ventes de 20 à 30 % en 2020 sur le marché européen. Est ce que vos prévisions vont dans ce sens ?
Jérôme Bandry : Il est trop tôt pour pouvoir en tirer des conclusions car nous nous trouvons en pleine crise. Cependant, il est certain que le Covid-19 entraînera une période de récession sur toute l’économie européenne et malheureusement le secteur du machinisme agricole ne sera pas épargné. Dans ce sens, le CEMA travaille de près avec ses membres et les institutions européennes pour comprendre l’impact de cette crise sur notre secteur et pouvoir établir par la suite des mesures de support et de relance. J’invite vos lecteurs a consulter régulièrement notre baromètre européen CEMA mensuel, qui capturait déjà de fortes inquiétudes début Mars.
Propos recueillis par Jean-Paul Hébrard